Notre Dame du Haut
" En bâtissant cette chapelle, j'ai voulu créer un lieu de silence, de prière, de Paix, de joie intérieure.
Le sentiment du sacré anima notre effort.
Des choses sont sacrées, d'autres ne le sont pas, qu'elles soient religieuses ou non. "
L'architecte
a conçu, tel une sorte de rempart,
à droite de l'entrée, l'abri des
pèlerins.
Ronchamp, disait
l'architecte, c'est " un phénomène
d'acoustique visuelle au domaine des formes. " Etre sensible aux courbes
qui accueillent et aux lignes de départ ; suivre des
yeux chacune des lignes qui sont autant de tremplins de
départ aboutissant tous à des pointes et
à la grande verticale. Ces formes ne sont pas
habituelles dans les anciennes églises mais elles
nous sont familières dans le monde contemporain avec
les avions, fusées, bateaux et voitures.
Penser aussi aux statues
de la Vierge que l'on voit souvent en haut des montagnes,
les bras et les mains largement ouverts pour accueillir et
donner ; cette chapelle dit la même chose, mais par le
langage de l'architecture. La toiture, sorte de
voûte-plafond, est constituée de deux membranes
de 6 cm d'épaisseur séparées par un
vide de 2,26 m. L'Est est le lieu du
soleil levant, le lieu de célébration des
grands pèlerinages : la chaire, l'autel, la tribune
en corbeille pour les chantres, la banquette des
célébrants, la statue de la Vierge
tournée vers l'intérieur ... Les trous dans le mur
à gauche sont des jeux de volumes qui
équilibrent l'ensemble et accrochent les yeux pour
les ramener vers l'autel. C'est un véritable
mur des théâtres antiques en plein
air.
Porte exterieure : main
ouverte pour recevoir, main au doigt plié pour
bénir, fenetre pour recevoir la lumière.
En haut la Nuée,
signe de présence de Dieu. Porte intérieure :
les signes du soleil, des nuages, une étoile, une
montée en spirale jusqu'aux mains du ciel. Cette
montée part du sol, eau des vagues, coupe
géologique.
En bas les méandre la terre et ses chemins
tortueux
dans la nuit et le brouillard.
Signe de l'alliance des hommes avec Dieu.
Signe de la rencontre du ciel et de la terre.
Le bassin n'est qu'un
simple baquet sous la gouttière de béton, une
sorte de gargouille collectant l'eau du toit pour la
recueillir dans le cylindre.
Façade Nord-Ouest
: 3 tours apparaissent, deux se tournent le dos. Ces 3 tours
sont les cheminées-à-lumières
surmontant un autel secondaire ; ces petites chapelles sont
grandes, verticalement. La tour de gauche prend
la lumière à l'aube pour s'éteindre
vers midi alors que sa sur jumelle s'éveille et
prend les rayons du soleil couchant. La troisième tour
est ouverte au Nord, comme pour éviter les rayons du
soleil.
Toute petite chapelle
pouvant contenir à peine 300 fidèles alors que
dehors l'office peut accueillir plusieurs milliers de
fidèles. Pas de symétrie ;
le sol descend et la voûte monte, les murs
s'écartent. Des harmonies de courbes et de formes
pures. Tout est en mouvement asymétrique vers
l'autel. La voûte est
allègée par la lumière rasante venant
des murs
Les vitraux du mur Sud sont abrités dans un mur très épais. Les fenêtres des édifices romans étaient construits dans le même esprit : petites fenêtres, larges et profondes embrasures dans lesquelles la lumière, et les couleurs, jouent. La lumière fait vibrer le béton, tel un diamant. Ces fenêtres ajoutent de la profondeur au sanctuaire.
Les vitraux vus de la
chaire. "cheminée à
lumière" tournée vers le
Nord
A gauche, cheminée
à lumière tournée vers le
Nord A droite,
chaire intérieure
Vue intérieure sur
la voûte de la chapelle, toute de courbure.
A droite, confessionnaux
en béton.
Lumière de bougies
et de vitraux...
Une partie du texte est extraite du guide de l'abbé Bolle-Reddat, chapelain de Ronchamp de 1958 à 2000.