Jeudi 11 juin 1981
Ce jour est consacré à la liaison CUZCO - PUNO. Nous partons par le train de 8H10 pour arriver à PUNO vers 19H, à la nuit. C'est un voyage long mais intéressant. Nous passons par le col de LA RAYA à 4314 m d'altitude où il y a des solfatares et de l'eau sulfureuse ou ferrugineuse.
Nous voyageons en 1ère classe car en seconde il y a beaucoup trop de monde. Nous déjeunons de pain, de bananes et d'un litre de Coca-Cola. Il y a bien la boisson nationale, l'Inca-Cola, de couleur jaune, mais je la trouve assez dégeulasse.
Nous passons par de magnifiques paysages de l'altipalano,
parfois désertique. Des péruviens marchent le long de la
voie, on ne sait d'où ils viennent et où ils vont. Ils portent
de lourdes charges dans leur dos ou sur le tête. C'est un peuple
de paysans vraiment courageux.
On voit dans quelques rares gares, dans les villages,
les pommes de terres étalées par terre pour sécher
au soleil, et comme la nuit il gèle, les patates deviennent toutes
noires ; c'est pour eux un mode de conservation.
Durant tout le voyage je porte un intérêt particulier à nos deux sacs à dos dans les filets. Un péruvien est venu mettre une couverture sur l'un d'eux, je n'ai pas compris pourquoi jusqu'au moment où, voulant descendre du train, il a repris sa couverture et la sac à dos dedans! Halte-là camarade, on ne bouge plus ! Il faut vraiment avoir l'œil partout dans ce pays. Les péruviens sont courageux, mais certains d'entre eux sont vraiment voleurs !
Compte tenu de nos récentes expériences, nous descendons du train avec beaucoup d'attention. Mireille est devant moi, avec mon sac à dos dans son dos, je la suit à 50 cm de distance derrière elle avec son sac à dos sur mon ventre. C'est au prix d'une extrême prudence, que l'on peut juger excessive, que l'on pourra, peut-être, ramener toutes nos affaires à la maison…
A PUNO nous faisons 3 hôtels avant d'en trouver
un correct, enfin, presque … La chambre est très froide, sans fenêtre
ni salle de bain ; et à 3 900 m d'altitude, il fait froid la nuit.
Nous dînons dans un petit restaurant où l'on retournera souvent
: "l'Ambassador" rue de Lima, à PUNO. (Notre
circuit au sud du Perou)
Vendredi 12 juin 1981
Il a gelé cette nuit, des flaques d'eau dans la rue avec un bon centimètre de glace dessus en attestent. Quel bordel ce matin pour changer 200 $ ! Il faut faire une photocopie du passeport de Mireille, et trouver une photocopieuse à PUNO, c'est pas triste. De plus dans le magasin qui semble avoir une photocopieuse, le vendeur part avec la passeport par l'arrière boutique ! Où est-il parti ? Une sérieuse inquiétude nous gagne rapidement. En fait il n'a pas de photocopieuse et est parti en faire une ailleurs. Ouf, nous avons eu peur, c'est une fausse alerte. Cette merveilleuse activité nous occupe jusqu'à 10H du matin.
Puis nous allons sur "le port" où un groupe de
touristes attend d'être assez nombreux pour partir en bateau sur
le lac TITICACA voir les îles des UROS. Une heure l'aller, une heure
là-bas et une heure le trajet de retour. Nous voyons sur ces "îles"
les bateaux UROS qui sont représentés sur le billet de 10
soles que je garde en souvenir.
Les indiens UROS ont été chassés
des terres péruviennes et sont venus se réfugier sur les
îles qu'ils ont construites sur le lac TITICACA.
En fait d'îles, il s'agit simplement d'îlots
flottants de joncs qui sont entassés les uns sur les autres sur
les hauts fonds du lac. On a l'impression de marcher sur un matelas très
spongieux et souple. Le groupe marche à la queueleleu.
Je m'écarte un peu des sentiers battus, mais la
sanction est immédiate : ma jambe s'enfonce jusqu'à l'aine
dans l'eau glacée du lac TITICACA à 3 900 mètre d'altitude.
Je vous assure que c'est glacé ! Encore un
souvenir inoubliable. Je reste mouillé une bonne
partie de la journée.
Nous retournons déjeuner sur la terre ferme vers
16H et passons à l'hôtel afin que je puisse me changer. Après
ce goutter nous allons sur la colline qui domine PUNO et qui s'appelle
CERRO HUASQSAPATTA d'où l'on a une splendide vue sur PUNO et le
lac TITICACA au soleil couchant. Ensuite nous visitons le musée
municipal voir quelques pièces incas, dont un calendrier et une
masse du 18ème siècle servant à presser les pièces
de monnaie. Comme une masse, il fallait viser juste pour presser la pièce
de monnaie.
Dans la rue ce soir, il y a un défilé des
enfants de toutes les écoles de PUNO, c'est un défilé
carnaval avec des lampions figuratifs. Chaque école est identifiée
par un numéro, c'est peu poétique.
Samedi 13 juin 1981
Lever de bonne heure pour aller sur l'île TAQUILE
du lac TITICACA. Nous sommes au bateau pour 7H30. Le moteur ne veut pas
démarrer, le pilote change de batterie, puis nous changeons de bateau
pour partir enfin vers 9H30. Sur le bateau un français de 30 ans
environ n'a pas l'air bien clair, il mâchonne des feuilles de coca
durant tout le voyage ; c'est bizarre, il a pris un aller simple et n'a
pas l'air clair du tout !
Nous arrivons à 13H sur l'île d'où
il faudrait repartir à 14H, c'est stupide ! Nous décidons
de passer la nuit sur l'île, chez l'habitant. Notre hôte habite
au bout de l'île, et nous invite à manger la soupe avec sa
famille, ce que nous refusons poliment pour préférer aller
au "restaurant" du village manger une omelette car Mireille n'a pas du
tout le moral. Je vais faire un tour dans la cuisine, c'est très
rustique et même assez dégueulasse. N'y pensons pas et mangeons
! Nous devons être les seuls touristes dans le petit troquet, c'est
un peu désertique sur cette île.
Nous admirons le coucher du soleil sur le lac TITICACA puis allons dormir chez notre hôte.
Nous dormons sur des paillasses à même le
sol. Notre lit de terre est recouvert de roseaux et d'une couverture, nous
supportons sans aucune difficulté 3 couvertures sur nous, bien que
nous soyons tout habillés. La pièce où nous sommes
est isolée de l'habitation principale et donne sur la cour. Les
murs sont en torchis, le sol en terre battue, et le toit de chaume. On
se croirait revenus au moyen-âge. Crise de larmes de Mireille qui
n'a vraiment pas le moral, elle est très inquiète de dormir
ici et craint que nous n'en ressortions pas vivants. J'essaie de la réconforter
comme je peux.
L'île TAQUILE est petite, sans électricité,
sans moteurs à explosion, sans vélo. Tout l'île est
en pente et en terrasses ultivées. Les femmes filent la laine, les
hommes tricotent. Tous sont fréquemment habillés en costume
local avec une certaine ressemblance avec les grecs ou les portugais :
grand béret ou bonnet noir pendant, large ceinture brodée
de couleur vives. La vie semble très pauvre sur cette île
du bout du monde à 3 900 m d'altitude. Il n'y a pas d'hôtel,
les touristes logent chez l'habitant, pas de route mais seulement des chemins
caillouteux. L'île paraît désertique avec des paysages
d'îles grecques, les vues sont splendides avec toujours le lac en
arrière plan. Tout cela sous un magnifique ciel bleu, l'air est
vivifiant sans être trop froid.
Dimanche 14 juin 1981
Le coq chante et me réveille. Lever à 6H pour voir celui du soleil sur le lac. Nous quittons la ferme vers 7H et déjeunons à 200 m de là, avec nos réserves, soit un avocat (au Pérou ils sont énormes et délicieux !), du pain, deux bananes (toutes aussi délicieuses !) et du coca (cola !). Ce matin nous faisons le tour de l'île pour voir des ruines Incas. Aucunes explications sur les sites, mais que de merveilleux paysages !
Nous prenons le bateau du retour à 14H et arrivons
à PUNO vers 17H afin de faire les achats de bananes, pain et coca
pour la journée de voyage de demain à AREQUIPA. Nous dînons
de bon cœur au restaurant "Les Aros" de la place des Armes. De l'hôtel,
nous entendons une bonne partie de la soirée, un chant de ralliement
qu'un
parti révolutionnaire gueule à tue-tête… la Marseillaise
!
Lundi 15 juin 1981
Départ à 7H30 précises, le voyage de 300 km met 12H30… Nous avons quatre contrôles policiers sur la route. Nous n'en sommes pas trop surpris car au Pérou à cette époque il y a des contrôles de police aux sorties de villes. Cependant celui-ci est corsé ! La route est barrée d'une grande chaîne, il faut montrer nos passeports, des policiers montent sur le toit du car pour vérifierles bagages, ils ont une grande tige de fer pour sonder les sacs.
Les paysages sont splendides. Nous changeons de bus vers
10H à JULIACA. Cette ville est un énorme marché, toutes
les rues sont bondées, une véritable fourmilière.
Nous avons pris la compagnie de bus JACANTAYA, car leurs bus semblent paraître
en bon état, et les chauffeurs sérieux au cour du voyage,
ils ne descendent pas les routes au point mort à tombeau ouvert
! Le bus est bondé, il nous montera malgré tout à
4 620 m d'altitude, incroyable.
Un véritable désert là-haut ; du sable dur soufflé par le vent et formant par endroit des vagues, comme le vent le fait avec la neige. Plus d'habitation, seuls quelques lamas règnent sur ce désert minéral. C'est fantastique.
Nous déjeunons de bananes toute la journée, heureusement qu'elles sont bonnes ! Le pain est délicieux ici, en forme de petites galettes plates et rondes d'environ 12 cm de diamètre, il ne rassit pas .
Nous sommes les seuls touristes dans le bus. Il est recommandé dans les guides d'aller à AREQUIPA en avion ou en train, mais le bus a ses avantages car nous sommes ici vraiment parmi le peuple péruvien. Les paysages sont fantastiques avec des couleurs minérales extraordinaires.
Le soleil se souche vers 18H alors que nous apercevons
le volcan dominant la ville d'AREQUIPA. Il reste encore 3H de route. La
descente est longue et dangereuse par une route en lacets. Nous arrivons
enfin à AREQUIPA pour nous engouffrer dans un hôtel.
Nous avons parcouru 300 km de pistes, avec une poussière
terrible partout, nos sacs à dos en sont tout blancs. Le voyage
a été crevant, mais c'était tellement beau !
Mercredi 17 juin 1981
Nous partons visiter le canyon de COLCA. Le taxi arrive vers 6H30, c'est une grosse voiture DODGE qui fonce à 90 km/h sur la piste. Nous sommes avec un jeune chilien pour faire cette ballade et partager les frais du taxi. Nous montons sur les hauteurs volcaniques d'AREQUIPA pour passer entre les deux volcans qui dominent la ville. 3H30 de pistes nous font voir des paysages magnifiques.
Nous montons jusqu'à 4 900 m d'altitude, et la voiture fonce toujours à 90 km/h ! Je demande au chauffeur de nous arrêter sur ce haut plateau désertique. Je veux effectuer une course de 100 mètres à 4 900 m d'altitude. C'est très dur, je peine terriblement à le terminer !
Ah, ces paysages sont fantastiques !
Nous voyons quelques fermes isolées, des troquets le long de cette longue route ; des lamas, des alpagas et quelques vigognes paissent tranquillement dans ce paysage presque lunaire. Les vigognes ressemblent à des gazelles et sont très gracieuses, très sauvages aussi.
Le taxi s'arrête à CHIVAY (tient, le nom
d'une bière belge !) pour que nous visitions le marché.
Les gens ont l'air gentil et ne sont pas intéressés par les
touristes que nous sommes. Les femmes portent de beaux costumes : longues
robes colorées de rouge, chapeaux splendides avec une cocarde de
papier sur le côté comme ROBESPIERRE sous la révolution.
Ce petit marché local est très sympa.
Puis nous allons voir le canyon de COLCA à
environ 30 mn de taxi au nord. C'est grandiose, ça donne le vertige,
on est tout près du vide. Les guides indiquent que c'est le plus
grand canyon du monde, du moins avec le plus grand dénivelé
entre le haut des montagnes et le creux du canyon. De superbes CONDORS
planent dans un silence total. C'est magnifique. Nous restons dans ce site
extraordinaire durant 90 mn puis nous repartons vers 12H15 à AREQUIPA.
(Notre
Circuit au sud du Perou)
Lors de ce retour, au premier contrôle de police, les flics demandent au chilien si l'on peut ramener l'un d'entre eux. Le chilien acquiesce. Je ne pense pas que c'est aux touristes de financer la police péruvienne, mais avons-nous vraiment le choix ? Je ne crois pas, ça ressemble plutôt à une réquisition. Le flic ne dira même pas merci à l'arrivée.
Après 7H de taxi pour parcourir 160 km, nous arrivons
vers 16H à AREQUIPA. Nous nous renseignons pour effectuer un vol
de reconnaissance au-dessus de la région, mais "l'avionnette" ne
vole pas en ce moment. En fin d'après-midi nous visitons une exposition
d'instruments de musique péruvien, pour y voir notamment des charencos.
Jeudi 18 juin 1981
Ce matin Mireille prend une douche et se lave la tête,
mais il ne reste plus d'eau chaude pour moi. Nous partons sac à
dos pour toute la journée pour faire une grande ballade dans cette
belle ville. Beaucoup de vieilles maisons d'AREQUIPA sont achetées
par des banques qui les restaurent. Nous partons d'AREQUIPA à 20H30
en bus.
Vendredi 19 juin 1981
Nous arrivons à NAZCA vers 9h du matin. Nous trouvons une "avionette" à louer pour 30 $ par personne pour un vol d'une demi-heure.
C'est assez remarquable, mais un peu décevant car
des touristes en 4x4 ont abîmés des dessins avec les traces
des pneus, et la pan américaine n'arrange pas les choses.
Le site est sur un plateau rocheux de 600 m d'altitude,
très caillouteux. Les "pistes" sont étroites et non planes,
bien que les traits soient eux particulièrement rectilignes. Quand
on est sur le terrain, on ne voit pas grand chose, les dessins ressortent
mal sur la terre et doivent être entretenus très souvent pour
éviter qu'ils ne soient recouverts par la poussière.
Certains disent qu'il s'agirait d'un calendrier solaire,
les cônes servant à déterminer des périodes
de temps par rapport au soleil. Je pense plutôt, comme nous l'a dit
un péruvien, qu'il s'agit tout simplement d'une population d'artistes
qui, pour des raisons religieuses peut-être, ont fait des dessins
sur le sol.
Pour voir les "pistes" de NASCA, et l'arraignée cliquez ICI
Nous reprenons le bus à 14H30 pour arriver à
PISCO vers 18H.
Conseils pratiques...
Suite et fin du voyage...